COP29 : Rapprocher les systèmes alimentaires, la nutrition et l'action climatique

27/11/2024

Le 14 novembre, le Pavillon de la santé de l'OMS à la COP29 a accueilli un événement parallèle intitulé » Aligner les systèmes alimentaires, la nutrition et l'action climatique “ , coorganisé par le Conseil des ministres nordiques, le Pôle de coordination des systèmes alimentaires des Nations Unies, le mouvement Scaling Up Nutrition (SUN), l”OMS et la Coalition d'action pour des régimes alimentaires sains issus de systèmes alimentaires durables pour les enfants et tous (HDSFS).

L'événement a rassemblé des dirigeants et des experts des gouvernements, de la société civile et du secteur privé afin d'échanger des idées et des solutions pour intégrer les systèmes alimentaires, la santé et les objectifs climatiques. Les discussions ont mis en évidence l'ampleur des défis à relever et ont célébré les efforts novateurs déployés dans le monde entier.

Le double défi des systèmes alimentaires

La session a mis en lumière une dure réalité : les systèmes alimentaires sont responsables d'un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais ils laissent plus de 700 millions de personnes affamées et 3,1 milliards d'individus dans l'incapacité d'accéder à des régimes alimentaires sains. Les coûts cachés de ces systèmes dépassent les 12 000 milliards de dollars par an, en grande partie à cause des conséquences d'une alimentation malsaine. Comme l'a expliqué Afshan Khan, sous-secrétaire général et coordinateur du Mouvement SUN, « nous ne pouvons pas atteindre les objectifs nutritionnels sans prendre en compte le climat, et nous ne pouvons pas atteindre les objectifs climatiques sans transformer les systèmes alimentaires pour des régimes plus sains ».

Francesco Branca, directeur du département Nutrition et Sécurité sanitaire des aliments à l'OMS, a renforcé l'urgence de combler cette lacune. Il a noté que « la nutrition reste sous-représentée dans les politiques climatiques, avec seulement 2 % des contributions déterminées au niveau national (CDN) et 16 % des plans d'adaptation au climat qui traitent explicitement de la nutrition ».

Partenariats mondiaux

Des initiatives mondiales clés telles que la coalition HDSFS et l'initiative sur l'action climatique et la nutrition (I-CAN) s'efforcent de combler le fossé entre la nutrition et l'action climatique. Ces plateformes visent à offrir des solutions évolutives et fondées sur des données probantes, à combler les lacunes politiques et à inspirer des approches intégrées. « Nous n'avons plus le luxe de penser en silos », a souligné Nancy Aburto, directrice adjointe de la Division de l'alimentation et de la nutrition à la FAO, en insistant sur le fait que les défis auxquels nous sommes confrontés requièrent des solutions holistiques.

Najat Mokhtar, directrice générale adjointe de l'AIEA et présidente de l'ONU-Nutrition, a souligné dans son message vidéo la nécessité d'intégrer la nutrition dans les systèmes alimentaires globaux et les politiques climatiques. Elle a souligné que « la nutrition et l'environnement sont gagnants » lorsque ces éléments sont alignés et a insisté sur l'approche unifiée des Nations unies pour renforcer le lien entre la santé humaine et la santé de la planète, notant que « la santé de nos populations et la santé de notre planète sont inséparables ».

Des exemples de réussite au niveau local

La session a également permis de présenter des innovations au niveau national, montrant comment les cadres mondiaux sont adaptés pour répondre aux besoins locaux. Khaled Eltaweel, coordinateur principal de programme, Nations Unies Pôle de Coordination des Systèmes Alimentaires, a souligné l'importance de l'alignement entre les différents niveaux d'action : « Il est essentiel d'aligner ce que fait le système des Nations unies sur ce qui se passe au niveau national, en réunissant le gouvernement, la société civile et le secteur privé pour susciter des changements significatifs ».

Dans les pays nordiques, les recommandations nutritionnelles nordiques (NNR) ont intégré pour la première fois des considérations environnementales et climatiques dans les lignes directrices alimentaires, informant ainsi les programmes de repas publics et les initiatives scolaires. Annica Sohlström, de l'Agence suédoise de l'alimentation, a qualifié cette initiative d'« avancée significative », ajoutant que « l'intégration de considérations sanitaires et environnementales dans les recommandations alimentaires montre que l'alignement de la nutrition sur la durabilité n'est pas seulement possible, mais qu'il est essentiel pour parvenir à des populations en meilleure santé et à une planète en meilleure santé ». Ces recommandations en libre accès inspirent la collaboration internationale et l'apprentissage de pays à pays.

Entre-temps, l'Indonésie a adapté ses stratégies pour aligner les systèmes alimentaires sur les objectifs de résilience climatique et de réduction des émissions, en tenant compte de la diversité régionale. Des initiatives telles que les systèmes alimentaires bleus à Sulawesi et l'agriculture biologique à Sumatra illustrent la capacité d'adaptation nécessaire à la transformation systémique. Des programmes tels que l'Initiative pour des repas nutritifs s'attaquent à la malnutrition tout en favorisant la biodiversité par la diversification des cultures traditionnelles. Parallèlement, des mécanismes de financement innovants et l'intégration des jeunes dans des pratiques agricoles intelligentes favorisent la durabilité à long terme. Gita Sabharwal, Coordonnateurs Résidents des Nations Unies en Indonésie, a souligné ces efforts en déclarant : « Les stratégies adaptées de l'Indonésie pour des systèmes alimentaires résilients au climat soulignent l'importance de la diversité des solutions. En répondant aux besoins régionaux et en responsabilisant les communautés, nous transformons les systèmes alimentaires en moteurs du développement durable et de l'action climatique. »

Prochaines étapes

Les discussions ont souligné l'urgence d'aligner les systèmes alimentaires sur les objectifs en matière de santé et de climat. À l'approche d'échéances telles que la COP30, le sommet sur la nutrition pour la croissance (N4G) et le bilan de l'UNFSS+4, l'appel à un changement systémique se fait de plus en plus pressant.

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